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L'HOMME, CET INCONNU

Il faut également se demander si la grande diminution de la mortalité pendant l'enfance et la jeunesse ne présente pas quelques inconvénients. En effet, les faibles sont conservés comme les forts. La sélection naturelle ne joue plus. Nul ne sait quel sera le futur d’une race ainsi protégée par les sciences médicales. Mais nous sommes confrontés avec un problème beaucoup plus grave et qui demande une solution immédiate. En même temps que les maladies, telles que les diarrhées infantiles, la tuberculose, la diphtérie, la fièvre typhoïde, etc., sont, éliminées et que la mortalité diminue, le nombre des maladies mentales augmente. Dans certains États, la quantité des fous internés dans les asiles dépasse celle de tous les autres malades hospitalisés. À côté de la folie, le déséquilibre nerveux accentue sa fréquence. Il est un des facteurs les plus actifs du malheur des individus, et de la destruction des familles. Peut-être cette détérioration mentale est-elle plus dangereuse pour la civilisation que les maladies infectieuses, dont la médecine et l'hygiène se sont exclusivement occupées.

Malgré les immenses sommes dépensées pour l'éducation des enfants et des jeunes gens, il ne semble pas que l'élite intellectuelle soit devenue plus nombreuse. La moyenne est, sans nul doute, plus instruite, plus policée. Le goût de la lecture est plus grand. On achète beaucoup plus de revues et de livres qu’autrefois. Le nombre de gens qui s'intéressent à la science, à la littérature, à l’art, a augmenté. Mais ce sont les formes les plus basses de la littérature et les contrefaçons de la science et de l’art qui, en général, attirent le public. Il ne paraît pas que les excellentes conditions hygiéniques dans lesquelles on élève les enfants, et les soins dont ils sont l'objet