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L'HOMME, CET INCONNU

esthétique et religieux, de son sens moral, de son intelligence, et de sa curiosité scientifique.

Ce foyer de puissantes activités, nous pouvons le regarder du dedans, ou du dehors. Vu du dedans, il montre à l'observateur unique, qui est nous-même, nos pensées, nos tendances, nos désirs, nos joies, nos douleurs. Vu du dehors, il apparaît comme le corps humain, le nôtre d’abord, et aussi celui de tous nos semblables. Il a donc deux aspects totalement différents. C’est pourquoi il a été considéré comme fait de deux parties, le corps et l'âme. Mais jamais on n’a observé d'âme sans corps, ni de corps sans âme. De notre corps nous voyons la Surface extérieure. Nous sentons l’obscur bien-être de son fonctionnement normal. Mais nous n’avons conscience d’aucun de ses organes. Le corps obéit à des mécanismes qui nous sont entièrement cachés. Il ne les montre qu’à ceux qui connaissent les techniques de l'anatomie et de la physiologie. Il dévoile alors, sous sa simplicité, une stupéfiante complexité. Et jamais il ne nous permet de le contempler à la fois dans son aspect extérieur et publie, et son aspect intérieur et privé. Même si nous nous engageons dans l’inextricable labyrinthe du cerveau et des fonctions nerveuses, nulle part nous ne rencontrons la conscience. L'âme et le corps sont la création de nos méthodes d’observation. Ils sont taillés par elles dans un tout indivisible.

Ce tout est à la fois tissus, liquides organiques, et conscience. Il s’étend simultanément dans l’espace et dans le temps. Il remplit les trois dimensions de l'espace et celle du temps de sa masse hétérogène. Mais il n’est pàs compris entièrement dans ces quatre dimensions. Car la conscience se trouve à la fois dans la matière cérébrale et hors du continuum physique.