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Page:L'oeuvre du Divin-Aretin - Partie I.djvu/11

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INTRODUCTION

l’Arétin se soit jamais ouvert à qui que ce soit touchant le nom de son père et en ait fait mention. Cependant, je crois être en mesure d’indiquer dans un giudicio retrouvé et publié par M. Alessandro Luzio[1] un passage dans lequel en 1534, longtemps avant le message de Nucci, le Divino mentionnait le nom paternel en équivoquant. Au temps de l’Arétin, l’astrologie judiciaire était florissante. Au commencement de chaque année, les astrologues publiaient leurs giudicii ou pronostics. Avec cette prescience du rôle que devait jouer plus tard la Presse et à cause de laquelle Philarète Chasles eut raison de voir en lui un précurseur du journalisme, l’Arétin comprit le parti qu’on pouvait tirer de ces libelles pour former l’opinion publique. Il écrivit plusieurs de ces giudicii satiriques et d’ailleurs peu prophétiques, tous perdus jusqu’à ces dernières années, sauf quelques fragments. À cette heure, on possède en entier celui qu’a publié récemment M. Alessandro Luzio et qui provient d’un manuscrit de la fin du xvie siècle, copié par un Allemand et conservé à Vienne, en Autriche. Tout laisse croire que le copiste allemand a eu sous les yeux un imprimé. C’est l’avis de M. Luzio, qui n’est pas d’accord sur ce point avec les autres arétiniens d’Italie. En effet, on ne connaît aucun exemplaire imprimé des giudicii de l’Arétin. Et, cependant, les raisons de M. Luzio me semblent bonnes. Des pamphlets comme celui qui nous occupe ne pouvaient avoir d’effet sur l’opinion publique (et c’est à cela qu’ils étaient destinés) que s’ils étaient répandus à un grand nombre d’exemplaires, et l’on sait que l’Arétin a fait publier à part plusieurs de ses lettres sur les grands événements de son temps.

D’autre part, M. Luzio, qui a vu le manuscrit de Vienne, affirme que le copiste allemand devait connaître mal l’italien et n’aurait pu copier aussi correctement un manuscrit. Il aurait donc eu entre les mains un imprimé perdu aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, en 1534, l’Arétin tenait encore pour

  1. Uno Pronostico satirico di Pietro Aretino (MDXXXIIII) edito ed. illustrato da Alessandro Luzio, Bergamo, 1900.