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Page:L'oeuvre du Divin-Aretin - Partie I.djvu/18

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INTRODUCTION

nieux qui commençaient à courir sur la mort de l’Arétin. Il contient les déclarations de Pietro Paolo Demetrio, curé de San Luca, paroisse du Divin, à Venise. Ce curé atteste, en 1581, c’est-à-dire 25 ans après la mort de Pierre, avoir enseveli chrétiennement l’Arétin et dit qu’il mourut de mort subite, tombant d’une chaise caquetoire, et que le jeudi saint avant de finir ses ultimes jours il se confessa et communia, pleurant extrêmement, et le bon prêtre affirme que cela s’est bien passé ainsi comme il l’a vu lui-même.

C’est que l’Arétin n’était pas un mécréant. Il avait un confesseur, le père Angelo Testa, et suivait les offices. S’il se moque des moines, il respecte infiniment la religion. Jules iii n’a pas voulu en faire un cardinal. Et ce refus me paraît avoir eu des raisons plus politiques que morales. L’Arétin était, autant que bien d’autres, digne de la pourpre cardinalice et n’aurait peut-être pas fait si mauvaise figure sur le trône pontifical !


L’Arétin a laissé une œuvre importante[1] ; outre ses lettres laudatives, ses pamphlets et ses poésies de circonstance, il a donné une tragédie en vers, Orazia, et cinq comédies en prose : Le Maréchal, la Courtisane, l’Hypocrite, la Talanta, le Philosophe, où l’on découvre des mérites du premier ordre. On a bien avancé que l’Hypocrite aurait été le prototype du Tartufe, Molière ayant connu cette pièce à Grenoble, grâce à Chorier[2]. Les ouvrages religieux du Divin eurent une vogue considérable. Il paraphrase les psaumes pénitentiels.

  1. Qu’on me pardonne d’être réservé touchant la bibliographie arétinesque. Elle est très embrouillée et l’érudit qui entreprendrait de la débrouiller rendrait aux Lettres un service signalé. Mais, pour ma part, je ne suis pas bibliographe…
  2. Il semble que l’Arétin ait joui d’une grande vogue parmi les lettrés du Dauphiné. Sans les Ragionamenti, nous n’aurions pas la Satire sotadique de Chorier. Dans son ouvrage sur l’Arétin (Hachette, 1895), M. Pierre Gauthiez cite une pièce dont le Divin est un des personnages : le Courtisan parfait, tragi-comédie par M. D. G. B. T. Grenoble, Jean Nicolas, 1668. — Cette pièce est attribuée à Gabriel Gilbert.