Aller au contenu

Page:L'oeuvre du Divin-Aretin - Partie I.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Ci commence la première Journée des capricieux Ragionamenti de l’Arétin, dans laquelle la Nanna, à Rome, sous un figuier, raconte à l’Antonia la vie des Nonnes[1].



Antonia. — Qu’as-tu, Nanna ? Te semble-t-il qu’un visage comme le tien, assombri de pensées, convienne à quelqu’un qui gouverne le monde ?

Nanna. — Le monde !

Antonia. — Oui, le monde ! C’est à moi de demeurer pensive, qui, le mal français excepté, ne trouve plus même un chien qui aboie après moi, qui suis pauvre et orgueilleuse, et qui, si je disais vicieuse, ne pécherais pas contre L’Esprit-Saint.

Nanna. — Antonia, il y a des ennuis pour tous. Il y en a tant, là où tu crois qu’il n’y a que des joies, il y en a tant que cela te paraîtrait étrange ; et, crois-moi, ce bas-monde est un mauvais monde.

Antonia. — Tu dis vrai, c’est un mauvais monde pour moi, mais non pour toi qui jouis même du lait de la poule. Et sur les places, dans les hôtelleries et partout, on n’entend pas autre chose que : Nanna par-ci, Nanna par-là. Sa maison est toujours pleine comme l’œuf, et tout Rome danse autour de toi cette mauresque que l’on voit faire aux Hongrois pendant le Jubilé.

  1. Les trois dialogues qui suivent forment la Première partie des Ragionamenti de Pierre Arétin, surnommé le Fléau des Princes, le Véridique et le Divin.