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est d’un goût charmant. On retrouve, ce motif dans un couvert très en usage en Anglelerre, et connu sous le nom d’« Old English ». L’autre est analogue, mais avec des filets repris au rifloir il a conservé le bouton de revers en fer de lance, mais la spatule est décorée d’ornements en ciselure et les fonds pointillés au perloir.

Nous donnons en même temps une cuiller à potage, dont les dimensions et la riche ornementation n’auraient pas permis de l’exécuter de la même manière : elle est fondue et ciselée. Cette pièce, du dix-huitième siècle, est l’œuvre de

L’orfèvre monétaire (1547).
(Cabinet des estampes.)

Germain, et faisait partie de la collection du marquis da Foz. Elle fut vraisemblablement exécutée à l’époque où Germain travaillait pour la Cour de Portugal. Ce n’est qu’au dix-septième siècle que le balancier, dont on fait remonter l’invention à Nicolas Briot, fut employé à la frappe des monnaies et est devenu depuis d’un usage courant non seulement dans les hôtels des Monnaies, mais dans l’industrie de l’orfèvrerie, et au dix-huitième siècle que les orfèvres employèrent des matrices d’une seule pièce pouvant donner l’empreinte complète de l’ornementation du couvert.

Un balancier se composait essentiellement d’une cage plus ordinairement en fonte ou eu bronze, très massive pour résister à l’effort du travail ; il était muni, à sa partie supérieure, d’un fléau en fer terminé à ses deux extrémités par des boules en plomb très pesantes. C’est dans ces boules que résidait l’énergie du balancier, et, par un élan que les ouvriers donnaient au fléau, ils pouvaient modérer ou augmenter la force du coup qui sert à imprimer les ornements sur l’objet placé sur la matrice disposée sur le socle du balancier. Le fléau portait dans son axe une vis qui pouvait mouler et descendre sous l’effort du fléau, dans une boite coulante qui guidait le marteau qui devait frapper le coup et donne tout son effet sur la matrice en acier gravé.

Ce fut Varin, directeur de la Monnaie au dix-septième siècle, qui perfectionna l’outillage et remplaça le travail à la main. Varin était un graveur de talent, et en même temps un habile mécanicien qui, à la fin du dix-septième siècle, réorganisa les ateliers de la Monnaie. C’est aussi vers cette époque que le balancier pénétra dans les ateliers des orfèvres où il est encore en usage aujourd’hui.

Sous l’Empire, les canons pris à Austerlitz furent donnés par l’empereur au