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Couvert de style Empire,
travail de Biennais.
(Collection Bernard Franck.)

qui ne le retrouva que sur le navire qui l’emportait hors de France. Il le laissa par testament au général de Montholon, et c’est de la famille de son compagnon d’exil que M. B. Franck a pu, à grand’peine, obtenir cette relique qu’il a réunie à son musée de l’époque impériale.

Couvert de style Empire, de Napoléon à Sainte-Hélène.
(Collection Bernard Franck.)

Le Musée centennal nous a également permis de représenter un spécimen des couverts en argent qui avaient été faits pour accompagner le grand service de gala de Napoléon III, et dont les modèles avaient été, comme pour tout l’ensemble, l’œuvre de François Gilbert. Ces pièces étaient uniques ; il n’en existe plus d’autres aujourd’hui. Toutes celles qui étaient restées aux Tuileries en 1870 avaient été envoyées à la Monnaie par ordre du gouvernement de la Défense nationale, pour être fondues.

Tous les couverts de cette époque étaient fabriqués au balancier et an mouton, dans des matrices doubles dont la superposition et la coïncidence exigeaient une précision remarquable, et encastrées dans des boites en fer forgé. Les couverts étaient préparés comme précédemment à la forge, suivant un calibre spécial, et portés sous le balancier. Le flan, dont la longueur et l’épaisseur étaient appropriées à chaque modèle, était placé entre les deux matrices et soumis à l’action puissante du balancier qui, en achevant de lui donner la forme, imprimait les ornements, arrondissait les fourchons et emboutissait les cuillerons : après ces opérations le flan devenu couvert n’avait plus qu’à être réparé à la lime et terminé par le poli. Mais ce n’était pas encore la fabrication rapide et économique, qui devenait nécessaire pour répondre à l’augmentation de la consommation que l’application du procédé d’argenture allait déterminer.

C’est alors qu’apparaît le laminoir et le rouleau en acier grave. Ce fut Allard, le directeur de la Monnaie de Bruxelles, qui mettait pour la première fois au point la fabrication du couvert au laminoir, et devait faciliter la production rapide et à bon marché. Ce procédé exigeait un acier d’une qualité qu’on ne rencontrait que rarement à cette époque.