Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/46

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Celui-ci, ayant eu vent de l’intention de ses seigneurs, fut en proie à une telle fureur, qu’il voulut d’abord faire massacrer tous les Russes qui se trouvaient à Kazan ; mais les seigneurs s’y opposèrent et lui proposèrent au contraire de quitter Kazan immédiatement. Les courtisans de Crimée et les Nogaïs du Khan déposé furent mis à mort, et sa femme, la fille du Khan nogaï, Mamaï, fut envoyée dans les terres de son père.

La princesse Gorchadna (ou Congorchad), sœur du Khan Mehmet-Emîne, jouait un grand rôle dans les intrigues moscovites ; c’était une femme très spirituelle et très instruite qui jouissait d’une grande influence politique.

Cette révolution eut lieu dans l’été de 1531. Le seïd (chef religieux) de Kazan, les princes, les lanciers et les mourzàs firent part de la déposition de Séfa-Guiray au Grand-Duc en réitérant leurs promesses d’obéissance et de soumission. Ils priaient le Grand-Duc de leur donner pour Khan, non pas Schah-Ali, dont ils craignaient la vengeance, mais son frère, Djân-Ali jeune homme de quinze ans, qui possédait en Russie la ville de Mestchersk. Leur désir fut exaucé. Le Grand-Duc leur envoya Djân-Ali avec l’ambassadeur Morozof, qui l’éleva au trône de Kazan. Tous les Kazaniens prêtèrent serment de fidélité à leur nouveau Khan, ainsi qu’au Grand-Duc de Moscou.