élevés. Tous les riches Arabes et Turcs qui ont fait leur éducation en Europe, ont perdu leur religion et leur individualité musulmane ; ils sont devenus européens par toutes leurs idées et tous leurs goûts ; il est regrettable pourtant, qu’ils n’aient pris soin que d’acquérir les mauvaises habitudes de l’Europe. Les Tartares pour éviter de tels inconvénients ont demandé au gouvernement l’autorisation de construire à leurs frais une université musulmane, où l’on enseignerait toutes les sciences européennes en russe, les sciences musulmanes en arabe, quelques langues européennes, sans exiger des élèves qu’ils subissent leurs examens d’après le programme ordinaire des universités ; ils n’apprendraient pas ainsi des sciences qui leur sont inutiles et recevraient une instruction pratique, telle que celle qu’on donne dans les écoles techniques. Il faudrait qu’on fondât en Russie un certain nombre d’écoles sur le modèle des écoles françaises de l’Algérie et de la Tunisie. Elles sont divisées en deux parties au rez-de-chaussée, aménagé à l’arabe ; on enseigne en arabe toutes les sciences musulmanes, et à l’étage supérieur arrangé à la manière des écoles européennes, on enseigne en français toutes les sciences indispensables pour pouvoir remplir les fonctions gouvernementales. Voilà ce qu’il faudrait pour nos Tartares. Malheureusement, nos ministres ne sont pas de cet avis et trouvent qu’il est plus avantageux pour le gouvernement russe de laisser les Musulmans dans leur ignorance première. Depuis plus de trois cents ans que la Russie les a conquis, a-t-elle fait le moindre pas pour les faire sortir des ténèbres de leur ignorance ? Jamais personne ne s’est intéressé à eux, personne ne s’est soucié de s’en
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