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un poème intitulé la Tolliade. Sur le vu de ce titre, j’ai cru d’abord qu’il s’agissait des exploits du général russe Barclay de Tolly. Depuis, dans le premier volume de l’édition monumentale que M. Léonide Maïkov a entrepris de publier pour l’Académie de Saint-Pétersbourg, j’ai découvert les quatre premiers vers de l’épopée, qui aurait eu évidemment une allure héroï-comique :

Je chante ce combat que Tolly remporta,
Où maint guerrier périt, où Paul se signala,
Nicolas Mathurin et la belle Nitouche,
Dont la main fut le prix d’une horrible escarmouche…

Remporter un combat est d’un français douteux. Que celui d’entre nous qui serait capable d’en faire autant en langue moscovite ait le courage de jeter à Pouchkine la première pierre. À coup sûr Mathurin et la belle Nitouche n’ont rien à faire avec Barclay de Tolly.

Un jour Pouchkine écrit en français une comédie intitulée l’Escamoteur. Il la lit à sa sœur, qui lui reproche d’avoir trop visiblement imité Molière. Il se console par l’impromptu suivant :


Dis moi, pourquoi l’Escamoteur
Est-il sifflé par le parterre ?
Hélas ! c’est que le pauvre auteur
L’escamota de Molière.