demandait d’où venait à Omer cette fortune qui lui permettait d’étaler un tel luxe. Beaucoup supposèrent bien qu’il ne l’avait pas trouvée dans la terre. Il y a un vieux proverbe qui dit : « Le travail vaut mieux que l’argent. » Et un autre encore qui dit : « Ce n’est pas tout que de chanter dans les villages. »
Notre Omer, lui, après la noce, ne s’inquiéta pas trop de son métier ; il se disait :
— Il me reste encore quinze bourses ; c’est avec cela que je ferai le commerce.
Cependant, il en arriva à remplir un magasin de sel, de tabac, de pommes de pin, de balais de bouleau. On trouvait de tout cela chez lui, mais il ne vendait pas autre chose.
Il fit ainsi le commerce pendant quatre ans. Pendant tout ce temps-là on n’eût pas remarqué sur son visage le moindre souci. Son emprunt et sa convention lui étaient sans doute tout à fait sortis de la mémoire, mais vint la cinquième année, et alors on commença à lire sur sa physionomie quelque chose qui le rongeait. La septième année son visage était tout changé. Sa femme et ses amis le surprenaient souvent pleurant à chaudes larmes. Mais c’était en vain qu’on lui demandait la cause de sa tristesse. Il re-