Page:Léger - Recueil de contes populaires slaves, 1882.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
CONTES SLAVES

vées au turban d’un sultan qu’il a tué lui-même. Si du moins il était beau ; mais non, il a un nez arrondi et pointu comme un quartier de lune. Je frissonne à l’idée qu’un monstre aussi laid pourrait être mon époux. Est-ce ainsi que tu tiens ta parole ?

— Sans doute, ma chère filleule. Le fils de l’empereur de Stamboul est réellement le plus beau et le plus noble des hommes. Enfin, s’il ne te plaît pas, renvoie-le.

— Je n’ai pas attendu ton conseil, interrompit Zora. Je savais ce que j’avais à faire avec cet importun. J’ai bien su lui montrer la porte.

— Qu’il soit fait comme il te plaira, reprit la Vila en croisant les bras ; mes intentions étaient bonnes. Je n’ai pas trouvé, paraît-il, ce que tu désirais. Prends patience, je tâcherai de t’envoyer un autre soupirant. Je regrette seulement ces roses blanches que j’avais déjà préparées pour ta couronne nuptiale et qui vont se flétrir.

— Qu’importe, répartit Zora. Je ne suis pas si pressée ; et j’attendrai plutôt dix années que d’épouser ce soudard avec son nez crochu.

Elle s’en alla et la Vila disparut dans les profondeurs de la forêt.