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CONTES SLAVES

qu’il se présentât devant ses parents. Jamais elle n’accepterait pour époux un pareil monstre.

Après ce congé bien signifié, elle fondit en larmes, courut dans le bois et appela la Vila.

— Qu’as-tu, ma chère filleule ? lui cria sa marraine.

Et elle apparut à ses yeux portant un voile brodé d’argent plein de roses rouges.

— Pourquoi pleures-tu ?

— Pourquoi je pleure ? Tu m’as d’abord envoyé un soldat avec un nez crochu comme un quartier de lune et maintenant, malheureuse, qui m’envoies-tu pour le remplacer ? Un pédant, un rimailleur qui ne connaît rien que ses livres, qui n’a que de l’argent à offrir à mes parents et pour moi qu’un brin de laurier dont on assaisonne les ragoûts. Et son visage ! Il a non-seulement le nez crochu, mais aussi la barbe pointue comme une pioche. Moi, être la femme d’un pareil monstre ? Est-ce ainsi que tu tiens ta parole ?

— Sans doute, mon enfant, répondit la Vila. Le fils du roi de Caramanie est actuellement le plus beau et le plus galant cavalier de la terre. J’ai tenu ma parole. Au reste, s’il ne te plaît pas, tu peux le renvoyer.