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Page:Léger - Recueil de contes populaires slaves, 1882.djvu/96

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CONTES SLAVES

celles d’une écrevisse et riait d’un rire méchant. Le roi pensa que l’objet qu’il ignorait avant son départ et qu’il n’espérait pas voir à son retour ne pouvait être de grande importance.

— Je te donne ce que tu me demandes, dit-il au monstre.

Celui-ci éclata de rire, brilla comme un feu et disparut. Avec lui disparurent l’eau, la margelle et la tasse. Le roi se trouva accroupi sur le sable sec. Il se leva, se signa, sauta à cheval, rejoignit son escorte et continua son chemin.

Au bout d’une semaine ou deux, il arriva dans sa capitale. Le peuple se pressait à sa rencontre ; il entra en triomphe dans la cour du palais. Sur le perron la reine l’attendait ; elle tenait sur son sein un coussin brodé sur lequel un petit enfant dormait dans ses langes. Le roi devina ce qui était arrivé, gémit profondément et se dit : « Voilà l’objet que j’ignorais avant mon départ et que je trouve sans l’avoir espéré. » Et il se mit à pleurer amèrement. Tout le monde s’étonna de ses larmes, mais personne n’osa lui en demander la cause. Le roi prit l’enfant dans ses bras et contempla avec amour sa figure innocente ;