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LE PRINCE INESPÉRÉ

dans les roseaux. Un troupeau d’oies qui se jouait sur la mer aborda au rivage ; onze revêtirent les vêtements, frappèrent du pied la terre, et devinrent de belles jeunes filles. Une fois habillées, elles s’envolèrent aussitôt. La douzième, qui était la plus jeune, ne pouvait se résoudre à sortir de l’eau ; elle allongeait son cou blanc et regardait de tous les côtés. Soudain elle aperçut le fils du roi et lui cria avec une voix humaine :

— Prince Inespéré, rends-moi mes vêtements, je t’en serai reconnaissante.

Le prince aussitôt déposa les vêtements sur le gazon et se retira modestement. La jeune fille, sitôt après sa métamorphose, s’habilla vivement et vint le retrouver ; elle était d’une beauté que l’œil n’avait jamais contemplée, dont l’oreille n’avait jamais entendu parler. Elle lui tendit la main en rougissant et en baissant les yeux et lui dit d’une voix mélodieuse :

— Je te remercie, noble prince, d’avoir exaucé ma prière. Je suis la fille cadette de Kostieï l’immortel ; il a douze filles et règne dans l’empire souterrain. Mon père t’attend depuis longtemps ; il est même fort en colère. Ne t’afflige pas cependant et ne crains rien,