Page:Lénine - Discours aux congrès de l’Internationale communiste, 1973.djvu/55

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camarade Lévi notait avec raison dans son rapport qu’il ne restait plus que deux puissances indépendantes de par le monde : la Grande-Bretagne et l’Amérique. Mais seule l’Amérique est restée absolument indépendante du point de vue financier. Avant la guerre, elle était débitrice ; aujourd’hui elle est créancière. Toutes les autres puissances du monde sont endettées. La Grande-Bretagne en est réduite à la situation suivante : actif 17 milliards, passif 8 milliards, elle est déjà à moitié débitrice. De plus, dans son actif figurent près de 6 milliards que lui doit la Russie. Les fournitures militaires que la Russie avait achetées pendant la guerre font partie des créances anglaises. Il y a quelque temps, quand, en sa qualité de représentant du gouvernement des Soviets de Russie, Krassine a pu s’entretenir avec Lloyd George au sujet des traités financiers, il fit ressortir aux yeux des techniciens et des politiciens dirigeants du gouvernement anglais, que s’ils comptaient se faire rembourser ces dettes, ils se trompaient étrangement. Et le diplomate anglais Keynes le leur avait déjà prédit.

Cela ne tient pas seulement au fait, et il n’en est même pas question, que le gouvernement révolutionnaire russe n’a pas l’intention de payer ces dettes. Aucun gouvernement ne saurait accepter de les régler, pour la bonne raison qu’elles ne représentent que les intérêts usuraires de ce qui a déjà été payé une vingtaine de fois, et ce même bourgeois Keynes, qui n’a nulle sympathie pour le mouvement révolutionnaire russe, le dit : « Il est clair qu’il n’est pas possible de tenir compte de ces dettes. »