ront pas gouverner la Russie dans l’intérêt des pauvres, contre les riches. Ces 240.000 ont déjà derrière eux plus d’un million de voix de la population adulte. Voici un « mécanisme d’État » d’un million d’hommes dévoués à l’idée de l’État socialiste et non seulement intéressés à recevoir une grosse somme le 20 du mois[1].
Plus que cela : nous avons un admirable moyen pour décupler notre mécanisme d’État — un moyen dont n’a disposé, ni ne pourra disposer aucun Etat capitaliste. Ce miracle, c’est la participation des travailleurs, la participation des pauvres à la tâche quotidienne de l’administration.
Pour faire comprendre jusqu’à quel point ce moyen miraculeux est facile à appliquer, prenons un exemple simple et éloquent.
L’État doit expulser une famille de son appartement pour loger une autre famille à sa place. L’Etat capitaliste le fait souvent, l’État socialiste ou prolétarien fera de même.
L’État capitaliste expulse une famille ouvrière qui a perdu son chef de famille et n’a pas acquitté son loyer. Vient le greffier, l’agent de police ou de milice, toute une troupe arrive ; pour exécuter un ordre d’expulsion dans un quartier ouvrier il faut au moins un escadron de cosaques. Pourquoi ? Parce que le greffier et l’agent de milice refusent de s’y rendre sans une force militaire considérable. Ils savent que la scène de l’expulsion provoque une telle explosion de haine dans tout le voisinage, chez tous ces milliers d’hommes acculés au désespoir, tant de haine envers les capitalistes et l’État capitaliste, que le greffier et les miliciens peuvent être mis en pièces à tout moment. Il faut amener des forces militaires considérables, il faut amener dans la grande cité plusieurs régiments venant d’une province éloignée pour que les soldats ne soient pas au courant de la vie des pauvres, pour que les soldats ne soient pas « contaminés » par le socialisme.
L’État prolétarien doit loger par contrainte une famille
- ↑ En Russie les fonctionnaires d’Etat recevaient leur traitement le 20 de chaque mois.
