de Brest, « il a signé, il a vendu son âme au diable, il ira à l’enter. Ce n’est que ridicule »…
Cela, ce ne sont encore que des concessions du bout des lèvres. Dans l’intérêt de la lutte Lénine est prêt parfois à des concessions réelles. Adversaire acharné de la petite propriété, il débute par le partage des grandes terres aux paysans, mesure contraire à toutes ses conceptions théoriques. Il faut cela pour acheter le concours ou la neutralité des paysans au moment de la conquête du pouvoir. Lénine laisse donc partager les terres, quitte à confisquer ensuite la récolte et le bétail quand le temps sera venu (1918-1920). Cette politique échoue ; elle aboutit à une famine atroce. Lénine doit jeter du lest, adopter la nouvelle politique économique, la NEP (1921). Ayant fulminé pendant trois ans contre le commerce libre, il l’admet. Il s’est plié pour ne pas être brisé ; il espère se redresser.
Cela va sans dire qu’avec la conception morale de Lénine il n’est aucunement tenu de dire la vérité ; il n’hésite en effet jamais à proclamer des contre-vérités criantes quand cela sert « la cause ». Il affirme tranquillement que le Gouvernement Provisoire voulait livrer Pétrograd aux Allemands, que le général Kornilov fut massacré par ses propres troupes, que dans les colonies européennes on assassine les vaincus « par millions et millions », etc… Parfois même, ses mensonges à force de répétition se propagent dans les milieux nullement communistes. C’est ainsi que la grande guerre civile, dans laquelle le rôle des détachements étrangers fut à peu près nul, surtout dans sa phase décisive, fut taxée d’« intervention » par Lénine et bien souvent même des écrivains étrangers emploient ces termes. Une autre contre-vérité évidente fut l’affirmation que la famine sur le Volga avait été provoquée par la guerre civile. On lutta sur le Volga en 1918 et 1919 ; les récoltes de 1919 et 1920 furent normales. Par contre, en 1920 la domination bolchéviste sur le Volga ne fut point troublée ; les réquisitions purent suivre leur train, les emblavures diminuèrent ; en 1921 ce fut la mémorable famine avec l’anthropophagie et toutes ses autres horreurs indicibles. Mais Lénine sut