Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/16

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pond une période politique transitoire dans laquelle l’État ne peut prendre d’autre forme que celle de la dictature révolutionnaire du prolétariat ».

D’abord, appeler ce raisonnement célèbre de Marx, qui est le résumé de toute sa doctrine révolutionnaire, « un seul mot » ou même « un petit mot », — c’est tout bonnement se moquer du marxisme et le renier complètement. Il ne faut pas oublier que Kautsky connaît Marx presque par cœur, qu’à en juger par ses écrits, il doit avoir disposé, sur son bureau ou dans sa tête, une série de casiers où il a réparti, de la façon la plus méthodique et la plus pratique pour en faire des citations, tout ce que Marx a écrit.

Kautsky ne peut pas ne pas savoir que Marx et Engels, dans leurs lettres aussi bien que dans leurs œuvres imprimées, ont parlé de la dictature du prolétariat de nombreuses fois avant ou après la Commune. Kautsky ne peut pas ne pas savoir que cette formule de la « Dictature du prolétariat » n’est que l’énonciation dans le domaine historique et concret, mais scientifiquement exacte, du rôle naturel du prolétariat, qui est de « briser » la machine gouvernementale bourgeoise, et dont Marx et Engels ont parlé de 1852 à 1891, c’est-à-dire durant 40 ans, en profitant de l’expérience des révolutions de 1848 et surtout de 1871.

Comment expliquer cette déformation monstrueuse du marxisme par un aussi parfait connaisseur du marxisme que Kautsky ? Si l’on se place au point de vue philosophique, tout se réduit à une substitution de l’éclectisme et de la sophistique à la dialectique. Kautsky est passé maître dans cette substitution. Au point de vue politique et pratique, tout se réduit à une vile servilité devant les opportunistes, c’est-à-dire, en