Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/43

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l’instruction, la richesse et les habitudes acquises ont fait une place à part, et les exploités dont la masse, même dans les républiques bourgeoises les plus avancées et les plus démocratiques, reste opprimée, inculte, ignorante, apeurée et sans cohésion. Longtemps après la révolution, les exploiteurs conservent inévitablement une multitude d’avantages considérables : il leur reste l’argent (on ne peut pas supprimer l’argent d’un coup), une fortune mobilière plus ou moins considérable, des relations, un savoir-faire d’organisation et d’administration, la connaissance de tous les « mystères » de l’administration (coutumes, méthodes, procédés, possibilités), il leur reste une instruction plus poussée, des affinités avec le haut personnel technique, qui vit et pense à la mode bourgeoise ; il leur reste une expérience infiniment supérieure de l’art militaire, ce qui est très important, etc., etc.

Si les exploiteurs ne sont abattus que dans un pays, et c’est le cas général, car la révolution simultanée dans une série de pays est une exception très rare, ils restent quand même plus forts que les exploités, grâce à leurs puissantes relations internationales. Que, du reste, une partie des exploités parmi la masse des paysans moyens, des artisans, etc. les moins développés, marche et puisse marcher pour les exploiteurs, c’est un fait prouvé par toutes les révolutions jusqu’ici, y compris la Commune, puisque parmi les Versaillais il y avait aussi des prolétaires, ce qu’a « oublié » le très savant Kautsky.

Dès lors, supposer que dans une révolution un tant soit peu sérieuse et profonde, la solution du problème dépende du rapport de la majorité à la minorité, c’est une stupidité colossale et un sot préjugé de vulgaire