Page:Lénine - La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky, 1921.djvu/77

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raux. C’était bien longtemps avant que Kautsky ne se fasse renégat.

Et voilà « Agnès l’économe » ressuscitée en la personne du « petit patron avec un seul apprenti, vivant et sentant en vrai prolétaire ». Les méchants bolchéviks sont injustes envers lui, ils lui enlèvent le droit de vote. Il est vrai que « tout collège électoral », comme le dit Kautsky, peut dans la République Soviétiste admettre un pauvre artisan attaché par exemple à une usine, si toutefois, par exception, il n’est pas un exploiteur, si vraiment « il vit et sent en vrai prolétaire ». Mais est-ce qu’il est possible de se lier à la connaissance de la vie, au sentiment de la justice d’un comité d’usine de simples ouvriers, mal organisé et agissant (ô horreur !) sans statuts ? N’est-il pas clair qu’il vaut mieux garantir le droit de suffrage à tous les exploiteurs, à tous les patrons, plutôt que de risquer que les travailleurs ne maltraitent l’ « économe Agnès » et l’artisan « qui vit et sent en vrai prolétaire » ?

Laissons les méprisables coquins de l’apostasie, aux applaudissements de la bourgeoisie et des social-chauvins[1], vilipender notre constitution soviétiste sous prétexte qu’elle prive les exploiteurs du droit de vote. Tant mieux, car la rupture n’en sera que plus prompte et plus profonde entre les ouvriers révolutionnaires d’Europe et les Scheidemann et les Kautsky, les Renaudel et les Longuet, les Henderson et les Macdo-

  1. Je viens seulement de lire l’article de tête de la Gazette de Francfort du 22 octobre 1918 n° 293, qui paraphrase avec enthousiasme la brochure de Kautsky. Le journal des boursiers est enchanté. Je crois bien ! Un camarade m’écrit de Berlin que le Vorwaerts de Scheidemann a déclaré dans un article spécial qu’il souscrit presque à chacune des lignes de Kautsky. Nos compliments.