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labeur et de sa capacité doit être compté, soit à lui, soit à ses enfants, lorsqu’il abandonne l’exploitation, — volontairement, ou par la mort. Aucun héritage n’est transmissible que celui-là ! mais il l’est en toute justice.

La même loi s’applique à tout bien foncier, à toute parcelle de terre occupée. Quant aux objets mobiliers, créés par l’industrie, amassés par l’épargne, ils comportent naturellement la propriété personnelle, par conséquent transmissible. Les maisons, en tant que maisons, également ; mais à condition d’une redevance pour la concession, toujours temporaire, du terrain sur lequel elles sont bâties.

Et le capital ? dira-t-on. La propriété foncière est loin de composer toute la richesse sociale. Il y a l’argent, la rente, les billets, les obligations… On peut être fort riche et ne pas posséder un pouce de terre.

— Cela est difficile : chemins de fer, usines, canaux, tout cela pose sur le sol commun ; et quant à l’agiotage et à l’intérêt, ne comprend-on pas quel rude coup leur serait porté par un pareil changement dans l’économie sociale ? Supprimer la propriété foncière dans ce qu’elle a d’inique et d’exclusif, c’est rayer au compte de la rente bien des chiffres ; c’est reléguer le capital au rang modeste qu’il doit occuper ; d’autant plus sûrement que les facilités données au travail actif et vivant diminuent d’autant l’influence du travail acquis. Pris entre cette immense réforme et l’association, qui le combattra dans l’agriculture comme dans l’industrie, le capital ne pourra que céder ; périr, non ; car tant qu’il existera, c’est-à-dire tant qu’il représentera un travail, il représentera un droit.

Mais ce droit, soumis, comme le veulent les économistes, aux lois de l’offre et de la demande, passera de sa condition royale actuelle à un état plus modeste, toujours de par la force