Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/51

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peut sacrifier l’une à l’autre que des choses opposées, contraires. Or, l’individu ne peut être sacrifié à l’ensemble social, puisqu’il n’y a pas d’antagonisme entre eux. Puisque l’ensemble social n’est que l’ensemble des individus ? L’oppression de l’individu est une menace pour la collectivité, et une diminution de sa valeur totale. Plus les individus composant une société sont élevés dans leur moralité, leur initiative, leurs connaissances, leurs capacités, plus la société est forte et considérée.

Les lois sociales ne devraient donc avoir pour but que la satisfaction, pour chacun et pour tous, des besoins communs à tous, ainsi que le développement, chez tous, des facultés générales humaines — rien n’empêchant les vocations particulières de se produire. — Toute loi sociale, par sa nature, doit être modelée sur l’individu, sa raison d’être. Une loi sociale qui admet de grandes, de funestes exceptions, n’est pas une loi sociale, surtout quand l’exception tend à devenir la règle. On a vanté la concurrence comme on a vanté la guerre ; et il a fallu, en effet, la rage guerrière qui fut, jusqu’à hier, la gloire de ce triste monde, pour qu’on pût imaginer, comme âme de la société, — qui est, le mot le dit, une association, — la concurrence, qui signifie un combat acharné !

La société humaine n’est pas un monument d’architecture, ni une œuvre artistique ou littéraire… Et pourtant, la société ancienne fut quelque chose de ce genre : une conception idéale, imaginée sous l’empire de l’autorité divine, qui ne