Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas, on le lui supposa. Il s’ensuivait la monarchie (la tête). Dans un corps organisé, les différentes parties ne sont pas également nobles : la tête doit commander, les membres doivent obéir. On trouve partout dans la société ancienne, la démonstration de ce plan. Il est étiqueté dans l’Inde. La littérature le dénonce par des comparaisons fréquentes : Voyez à Rome l’apologue de Ménénius. — Il ne fut pas si probant qu’on le prétend. Le peuple savait très bien, qu’il travaillât ou non, que, même lorsqu’il engraissait les sénateurs, ses membres à lui n’en étaient que plus maigres.

En faisant de la Nation un seul individu, on simulait l’Union nationale ; ce qui n’empêchait pas qu’elle ne fut, et ne soit encore, une simple collection d’individus, liés par l’esprit de corps ; mais dont la grande majorité, la travailleuse, manque du vivre et du loisir. Il n’y eut jamais l’unité vraie ; mais une fausse unité, qui pour trop concentrer la force collective la supprime[1].

La Révolution française, en proclamant l’égalité de tous les humains, a déplacé le droit et l’a transporté du règne de Dieu à celui de l’homme ; de la collectivité, vague et insaisissable, irréelle, à l’individu, type irrécusable de l’Humanité. Par là, elle

  1. Nous en avons eu, récemment, de terribles exemples : les capitulations de Sedan et de Metz, malgré l’armée, faites par la lâcheté et la trahison de deux chefs. Celle de Paris, malgré le peuple, par une poignée de lâches, sous la direction d’un jésuite.