Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/9

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qui fait frémir le corps sans le toucher !… la pensée, encore plus subtile, qui voit sans les yeux, crée le fait avant qu’il se produise, conserve le souvenir… le sentiment, qui remplit l’homme et le passionne, le rend délirant de joie ou de fureur, le transporte hors de lui-même, ou le berce doucement,… tout ceci n’est point de même nature !… Cela est plus haut, plus puissant ! Cela possède l’homme, au lieu d’en être possédé. Cela, c’est l’Esprit ! L’Esprit domine la matière. L’Esprit est Dieu ! Et les Dieux sont des Esprits. C’est pour cela qu’on ne les voit pas ! Immatériels, Immortels, ils habitent les Cieux immenses. Ils disposent du temps, de l’espace, de la nature et de toutes choses, comme du sort des hommes !

Mais pourquoi ne se laissent-ils pas voir ? Pourquoi ne parlent-ils pas ? Puisqu’ils ont créé l’Humanité, sans doute, ils s’occupent d’elle ? Ils peuvent l’aimer et la secourir ! — Ô Dieux puissants ! Aidez-nous ! Secourez-nous ! Ne soyez pas insensibles à nos souffrances ! Guérissez nos maladies ! Écartez de nous votre tonnerre ! Faites tomber la proie dans nos filets. Nous vous saluerons et vous bénirons dans nos festins ! Votre gloire sera vantée sur la Terre ! Montrez-nous enfin votre face ! Et faites-nous entendre votre voix !

« N’est-ce pas une chose étrange que les maîtres du Ciel et de la Terre, qui possèdent une puissance sans bornes, dédaignent ainsi leurs créatures ? Combien il eût été beau d’entendre retentir sous la voûte céleste la parole divine aux sons éclatants,