Page:Léo - Jean le sot.djvu/36

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prouve aucun besoin de faire voyager mes écus. Si l’on nous a rendu 50 livres, combien avons-nous donné ?

— Trois mille, dit le bailli.

Les gens, là dessus, s’en allèrent en murmurant, et Jean lui-même, bien qu’il n’eut pas compris grand chose à tout ce qui s’était dit, se trouva fort désenchanté.

Cependant, le roi, sachant ce qui se passait dans ce canton, y vint avec tous ses équipages, fit des politesses à tout le monde, et donna un feu d’artifice d’une telle beauté qu’on n’avait jamais rien vu de pareil. Tout cela changea beaucoup les idées le bailli fut destitué et mis en prison, es qui fit réfléchir d’une autre manière, et Jean finit par convenir avec son voisin le riche, qu’il était glorieux pour un peuple, mais dut-il se serrer un peu le ventre, d’avoir un roi si magnifique et si puissant.

D’ailleurs, il ne s’occupait guère des affaires publiques ayant bien assez d’autres soins car il ne se passait point de jours que, sans le vouloir, il ne fit quelque sottise. Sa femme avait renoncé à lui confier la moindre emplette, la moindre commission, et c’était. elle qui se rendait à la foire quand il en était besoin, le laissant à la maison. La même, elle s’abstenait de lui rien commander, se chargeant elle-mère de tout faire, ou donnant ses recommandations plutôt à l’enfant.

Celui-ci était fort aimé de son beau-père, et l’aimait aussi ; car Jean faisait toutes ses volontés et était toujours bon pour lui. Un jour qu’ils étaient restés seuls à la maison, s’en étant allés ensemble à la recherche des nids, ils y passèrent la journée entière, s’amusant un peu partout, à toutes sortes de petites closes, grimpant dans les arbres, faisant de petites cascades