Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/10

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dimanche. Du lundi matin au samedi soir elle attendait.

Cette année-là, qui se réduisit pour elle à cinquante-deux jours, Marinette avait dix-neuf ans, et Joseph, le 20 juin prochain, allait en avoir vingt-deux. Cet anniversaire tombait un dimanche ; le garçon en profita pour vouloir être fête, et la mère Cadron, cédant volontiers à ce désir, il fut convenu qu’on irait avec Marinette et une voisine, intime amie de la mère Cadron, celle là même qui devint plus tard le fidèle narrateur de cette histoire, déboucher une bouteille et manger un pâté sur les fortifications, près de la porte d’Arcueil. Ce n’était pas bien loin ; mais la mère Cadron était de santé débile et craignait la marche et la chaleur.

Naturellement, Joseph et Marinette, avec leurs jeunes jambes, prirent le devant, et les deux vieilles marchèrent en causant par derrière.

— Savez-vous, dit la voisine, que Marinette est devenue fièrement jolie pour une pauvre fille qu’elle est ? Avec ses beaux yeux, son nez fin, sa figure pâlotte et cette belle robe d’indienne lilas, ne dirait-on pas une vraie princesse ? Ma foi, Joseph n’a pas assez de ses yeux pour la regarder. Ça fera un joli couple, mère Cadron : car il n’est pas difficile de voir que ces jeunes gens s’aiment… et je pense que ça vous convient.

— Moi ! dit la mère Cadron en ouvrant de grands yeux, je n’y ai jamais pensé. Et que voulez-vous que fassent ensemble la misère