— Vous entendrez parler de moi d’ici à quinze jours.
Qu’est-ce que cela voulait dire ? Y aurait-il encore des dix fr. à gagner ? Ils allaient donc devenir riches, avec un moyen si facile de gagner tant ! Mais alors ils pourraient se procurer bien autre chose qu’une armoire, et, par exemple, un bois de lit en noyer semblable, comme elle en avait vu chez le marchand, une table de nuit, un buffet, puis des tasses à fleurs, comme il y en avait chez la maîtresse d’école, sur la cheminée. Mais la cheminée de la cabane n’avait point d’appui ; c’était une sorte d’auvent où s’engouffrait la fumée ; Joseph ayant construit cela comme il avait pu. La chambre vraiment devenait trop petite et trop laide pour de si belles choses. Marinette osait bien alors se bâtir en idée une vraie maison pourvue d’un étage ; mais bientôt, effrayée de sa hardiesse et chassant tous ces rêves, elle reprenait ses occupations.
L’ouvrage languissait maintenant entre ses mains. Elle n’y avait plus le même cœur. L’ardeur avec laquelle, auparavant, elle soignait son jardin, s’était engourdie.
Elle sentait la fatigue plus tôt, et y cédait sans longue résistance. Oubliant, pour la première fois, les conseils de l’almanach, elle laissa passer le mois d’août sans semer des salades ni des navets ; une partie de la graine de ses oignons se perdit. Elle ne recueillait plus tous les jours tant de petites joies de tous ces progrès que la nature accomplissait sous ses ordres autour d’elle. Ce cadre,