Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/42

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d’eux ! Il les vit livrés au caprice des bonnes, à des brutalités, à cent oublis… Pourtant, il ne pouvait plus demeurer avec sa femme ; chez elle, non, pour rien au monde ! Mais abandonner ces enfants, dont il était le père et presque l’unique ami !… Joseph ne savait à quoi se résoudre. Cependant il conduisit les enfants jusqu’à la porte, leur dit de sonner et s’en alla.

Une fois hors de la maison, il se mit à marcher vite, au hasard, n’ayant souci que de s’éloigner, il verrait après. Rue Saint Lazare, se trouvant en face du chemin de fer, il entra, prit une place pour le Havre, et quand on lui demanda :

— Voulez-vous une première ? Il répondit : Oui, machinalement. Sa place payée, il ne lui restait plus en poche que 5 fr. ; mais il ne pense pas même à se demander ce qu’il deviendrait là-bas. Il ne songeait qu’à quitter Paris.

Il entra dans un wagon et se blottit à la première place venue. Un moment après, si on lui eût demandé où il se trouvait, il eût été longtemps à pouvoir le dire ; il n’avait en ce moment qu’une idée, la trahison de sa femme, de Marinette, ou plutôt cette idée là le pénétrait tout entier, ne lui laissant aucune autre perception. Elle qui était si bonne autrefois, et qui l’aimait tant ! Il croyait tant en elle ! Oh ! quelle amertume ! Il sentait des marteaux de fer rouge lui battre les tempes.

D’un côté se trouvait sa femme et de l’au-