Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/44

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rêve pour enfoncer son chapeau sur ses yeux et ramener son paletot sur ses genoux. Il eût voulu pouvoir mettre un rideau, plutôt un linceul, entre ce monde et lui. En touchant son vêtement, il l’avait senti mouillé, sans savoir pourquoi.

Il était retombé dans la douleur, comme dans un océan sans rives, inconscient du temps, de l’espace, de tout, quand une main se posa sur son épaule, forte et douce à la fois, et une voix, dont l’accent était plein de bonté, dit :

— Je vous en prie, monsieur, qu’avez-vous ? Dites-le-moi.

Joseph, d’un air hébété, regarda celui qui parlait : il n’avait pas entendu.

Cet homme alors ouvrit la fenêtre : le vent du soir frappa Joseph au visage et le réveilla un peu. Il balbutia quelques mots.

— Monsieur, reprit l’inconnu, voici plus de deux heures que je vous vois pleurer. Votre douleur me navre ; elle doit être immense. Je ne vous ai rien dit tant qu’il y avait du monde ; mais nous sommes seuls à présent et, je vous en prie, dites-moi la cause de votre chagrin. Si je puis quelque chose pour vous consoler, je le ferai ; si je n’y puis rien, je vous plaindrai de tout mon cœur et vous ne serez pas seul.

Ces paroles allèrent au cœur de Joseph ; il prit la main qu’on lui tendait et ses sanglots éclatèrent.

Quand il fut un peu plus calme, il consentit à raconter son histoire.