Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/52

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mais ces alternatives d’espoir et de souffrance absorbaient toute l’âme de Marie, détruisaient sa fraîcheur et altéraient sa voix.

La femme, de plus en plus, détruisait la cantatrice. Elle s’aperçut que le public devenait froid pour elle et elle n’eut pas la force de réagir. Elle croyait si naïvement à l’amour, qu’il ne lui vint pas à l’idée une fois que la froideur du public et celle de Charles pouvaient avoir ensemble les moindres rapports.

Un de ces événements qui passionnent tout l’Opéra, qui la touchait plus directement que toute autre, ne l’émut, au milieu de ses chagrins, que d’une manière très secondaire, c’était le début d’une cantatrice italienne dont, à l’avance, on disait des merveilles, et qui sembla devoir les réaliser. Marie avait besoin d’amour bien plus que de gloire. Elle devenait de moins en moins ambitieuse, et il y avait longtemps que toutes ces beautés du luxe qui l’avaient tant éblouie, qu’elle avait tant désirées, ne la touchaient plus. Elle avait cru ensuite que l’amour d’un homme tel que le vicomte, devait être le bonheur même et la plus douce gloire ; elle vivait dans les larmes pourtant, avec cela.

Les deux ans que comprenait l’engagement de Marie, allaient expirer ; le directeur la fit appeler un jour et, après quelques circonlocutions, lui offrit un nouvel engagement à moitié prix. Comme elle se récriait : « Ma chère enfant, lui dit-il, vous aviez devant vous un bel avenir ; vous l’avez dédaigné ; ce n’est pas