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Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/59

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tres, ou qu’elle ne pût distinguer que celui-là, frappa sa vue : 20.

D’abord, elle répéta ce chiffre sans y joindre aucune idée. Elle vit ensuite en haut le nom du mois et se dit : 20 juin. Mais elle ne savait trop encore ce que cette date était pour elle ; c’était comme une personne qu’on reconnaît déjà, mais dont on cherche en vain le nom.

Tout à coup, elle se rappela que c’était à la fois l’anniversaire de Joseph et celui de leurs fiançailles. Hélas ! que lui voulait maintenant ce jour ?

Marie tourna les yeux du côté de la fenêtre ; le soleil entrait à flots ; c’était bien l’été. Mais dans quel mois se trouvait-on, elle ne le savait pas même, ne s’inquiétant plus de rien. Elle sonna :

— Quel quantième avons-nous, Lucette ?

— Madame, ce doit être le 19, oui, le 19 juin.

Marie eut un tressaillement ; il lui sembla que ce bienheureux jour lui-même était venu dire : J’arrive, me voilà !

Le lendemain, à onze heures, elle montait en voiture seule, et disait au cocher :

— À la porte d’Arcueil !

C’était le premier désir qu’elle eût eu depuis longtemps : elle était impatiente d’arriver et se sentait plus forte qu’à l’ordinaire. Sur la route, le soleil était ardent, l’ombre épaisse, le ciel souriant, les hommes joyeux. Quelques pas avant d’arriver, Marie fit arrêter la voiture et descendit. À l’aspect