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UN DIVORCE

veilleuses. Mais je ne sais effectivement ce qui me tient de vous taquiner ainsi. Restons-en là sans rancune. Et, maintenant, mon cher, merci de votre aimable compagnie. J’étais venu jusqu’ici pour un paysage ; or, un artiste préoccupé de son œuvre est facilement de mauvaise humeur. Au revoir !

— C’est-à-dire que je vous gênais ? Eh bien ! je croyais au contraire que c’était vous qui persistiez à m’accompagner.

Camille ne releva pas cette observation et se hâta de donner au jeune Vaudois l’adieu d’une poignée de main. Mais au lieu de se séparer après cela, ils se remirent à marcher du même côté.

— Ah çà ! où allez-vous donc ?

— Et vous ?

— Là, dans une campagne, tout proche.

— À Beausite, peut-être ?

— Justement.

— Mais, mon cher Camille, c’est dimanche aujourd’hui ; vos élèves ne vous attendent pas.

— Non, mais j’ai mes crayons sur moi, et je veux croquer paysage du haut des rochers qui dominent le bois. C’est un admirable point de vue.

— Êtes-vous content des petits Anglais ?

— Assez. D’abord ils m’ennuyaient, et je n’étais venu que sur les instances du père, qui paye d’ailleurs comme un véritable lord ; mais le petit rouge a vraiment des dispositions, et puis la promenade est charmante, et…

— Il paraît bien que vous la trouvez charmante, puisque vous la faites sans utilité…

— Connaissez-vous sir John Schirling ?

— Non ; j’ai entendu dire seulement qu’il était fort original. On s’étonne beaucoup de ce qu’il fait donner