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UN DIVORCE

jouées sur lesquelles elle comptait, Claire pâlit et balbutia, puis rougit beaucoup ; tandis que le jeune artiste, moins surpris sans doute ou plus maître de lui, s’inclinait devant elle presque froidement. Tout cet embarras se voila un peu sous le fracas des compliments qu’échangèrent avec Camille M. et madame Boquillon ; cependant, quand les trois jeunes femmes furent descendues au jardin et que Camille fut remonté dans sa chambre :

— Madame Desfayes a paru fort troublée en revoyant ce jeune homme. Avez-vous remarqué ? dit Renaud à son beau-frère.

— Oh ! c’est qu’elle est susceptible d’un rien, répondit madame Pascoud, qui était restée fixée à son tricot.

— Un joli garçon, ce n’est pas rien, observa Renaud en échangeant un regard avec M. Boquillon.

Il y avait une demi-heure que ces dames faisaient idéalement des confitures, sous un des berceaux du jardin, quand on amena les enfants de Claire. Tout maussade de n’avoir pas vu sa mère à son réveil, le petit Fernand grimpa sur ses genoux, se cramponna à elle et ne voulut pas la quitter.

Madame Renaud alors appela Camille, afin qu’il renouvelât connaissance avec le petit Fernand. Mais le jeune peintre marquait peu d’entrain, et madame Renaud en fit la remarque :

— Je vous croyais guéri de vos tristesses, lui dit-elle.

— Je ne savais pas être triste, madame, répondit-il un peu sèchement.

Madame Boquillon et Fanny s’étant éloignées pour quelques minutes, Claire dit à son tour :

— Moi aussi, monsieur Camille, j’espérais vous retrouver d’humeur plus gaie.