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UN DIVORCE

ne s’oubliait plus une minute à causer avec sa femme ni à jouer avec ses enfants.

Un jour que Claire avait reçu la visite de sa sœur, et que toutes deux, leur ouvrage à la main, étaient surtout occupées de regarder et d’écouter les enfants, le facteur sonna et remit des lettres pour M. Desfayes. Celui-ci venait de sortir à peine ; c’était après le dîner. Claire prit les lettres et les examina pour voir s’il ne s’y trouvait point des lettres d’affaires destinées au bureau ; car ces dernières étaient remises tous les jours, à la poste même, au commis de la maison Dubreuil et Desfayes, et Ferdinand recevait chez lui seulement ses lettres particulières ; mais il se commettait des erreurs quelquefois.

Les lettres étaient bien toutes à l’adresse de la rue du Chêne, et portaient le nom seul de M. Desfayes ; mais il y en eut une à l’écriture inhabile que Claire considéra longtemps, et qu’elle retenait dans sa main tremblante, ne pouvant se résoudre à la déposer avec les autres sur la cheminée.

Elle était encore dans cette indécision quand Mathilde entra, disant tout d’abord de sa voix brève :

— Ton mari est encore ici ?

— Non, répondit Claire.

— Tant pis, il faudra que j’aille à son bureau.

— Tu as une affaire ?

— Oui, ma chère, quelque chose de très-respectable et de très-pressé, une dette de jeu.

Anna releva la tête et regarda Mathilde avec trouble.

— Je vois qu’il s’agit d’Étienne, dit Claire.

— Assurément.

Il y eut un silence. Claire se reprit à contempler la lettre, puis elle attira d’un coup d’œil Mathilde auprès