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UN DIVORCE

qui voudrais cacher ce triste secret à tout le monde, je ne regrette pas que vous le sachiez.

— Que pourrais-je faire pour vous être utile ? répondit-il avec un attendrissement profond.

En même temps il lui serrait la main, et ses yeux attachés sur ceux de la jeune femme exprimaient une bonne volonté immense.

— Je n’en sais rien, dit Claire d’abord ; — cependant elle songea, et quelque hésitation se peignit sur son visage.

— À quoi pensez-vous ? demanda Camille.

Elle hésitait toujours ; il la pressa davantage ; elle dit alors qu’elle était allée à la recherche de son mari, craignant qu’il ne rentrât point, et qu’elle avait osé se diriger de ce côté, pour savoir s’il n’était point chez madame Fonjallaz.

— S’il a pu aller là, ce soir, monsieur Camille ; eh bien ! je crois que ce sera fini ; je n’espérerai plus en lui ; sinon, j’aurai plus de courage pour lui parler, parce qu’il pourra peut-être encore me comprendre.

— Je serai ici dans un quart d’heure au plus, dit Camille, et il fit rapidement quelques pas sur le Grand-Pont ; mais presque aussitôt il revint, et, baissant la tête avec tristesse : Je n’avais pas réfléchi, madame ; c’est impossible.

— Pourquoi ?

— Ce serait de ma part un espionnage, quelque chose de tout à fait odieux.

— Vous trouvez, monsieur ?

— Oui, un autre pourrait vous rendre un pareil service, mais non pas moi.

— Je ne vois pas… dit Claire.

— J’ai le bonheur d’être votre ami, et même en ce