Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/370

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
UN DIVORCE

Une fois, d’une fenêtre de la maison qui donnait sur la ferme, Claire entendit Louise qui la défendait avec chaleur ; mais en même temps, à l’appui de ses dires, cette fille entrait dans les détails les plus intimes et commettait mille bévues et mille indiscrétions.

Elle ne pouvait passer près des enfants anglais qu’ils ne la regardassent en chuchotant, avec une curiosité cruelle.

Mistress Schirling, qui se promenait le soir dans les allées, majestueusement drapée dans son châle, dès qu’elle apercevait Claire, se détournait brusquement et prenait un autre chemin.

Il est vrai que sir John Schirling, au contraire, saluait profondément madame Desfayes, et qu’il lui demanda plusieurs fois des nouvelles de sa santé ; mais cela ne comptait guère, puisqu’on savait bien que sir John Schirling était un original et un philosophe. Ce qui le prouvait, car il ne causait guère avec personne, c’était son intimité avec Mathilde, comme aussi cela faisait beaucoup de tort à Mathilde d’être liée avec sir John.

Il y avait une seule impression dans l’âme de Claire qui restait encore vive et fraîche comme une espérance ; mais elle était si profondément enfouie sous le chagrin que, pendant les premiers jours, elle fut comme anéantie.

L’apparition de Camille à Beausite la réveilla. Camille avait renoncé depuis longtemps à donner des leçons aux enfants Schirling, et il avait été remplacé dans ses fonctions par un artiste allemand, que sir John avait pris en grande amitié.

Le jeune Français donc n’avait plus aucun motif de venir à Beausite, d’autant qu’il avait négligé d’y faire visite depuis son retour d’Italie. Mais il se trouva, dans la première semaine du séjour de Claire, qu’il eut à voir