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UN DIVORCE

près d’eux, Camille les regardait avec un sourire doux et mélancolique.

— Maman, où est papa ? demanda le petit Fernand.

Il demandait cela pour la centième fois ; mais cette question fut pour Claire plus douloureuse que jamais.

— Georges dit qu’il s’ennuie de ne pas me voir, maman. Est-ce vrai ?

— Georges ! répéta Claire, Georges Giromey ? où est-il donc ?

— Là, de l’autre côté, dit l’enfant, en montrant la cloison de planches. Moi, j’ai passé par là-bas, à la petite porte, et je l’ai vu, et il m’a parlé tout bas.

Claire devint subitement pâle.

— Où est-il ? Montre-moi l’endroit, Fernand.

— Là, répéta l’enfant, en étendant de nouveau la main dans la direction où peu d’instants auparavant se trouvaient Claire et Camille.

— Cet homme nous aura entendus ? murmura la jeune femme, en jetant à Camille un regard de terreur.

Il s’efforça de la rassurer ; mais ils regagnèrent la maison pleins d’inquiétude.

Quand le jeune peintre fut parti, madame Grandvaux, après avoir toussé plusieurs fois, dit à sa fille :

— Ne trouves-tu pas que M. Camille vient un peu trop souvent ? Autrefois il ne venait pas du tout. Dans ta position, ma bonne Claire, il faut tant de prudence !…

— Oh ! c’est un bien honnête garçon ! se hâta de dire Anna, en remarquant la rougeur et l’émotion de Claire. C’est notre malheur qui l’attire auprès de nous.

— Je ne dis pas le contraire, reprit madame Grandvaux ; mais tu sais que ce que les gens imaginent tout de suite, c’est le mal. Il vaut mieux y prendre garde. Ne voyez-vous pas Mathilde ? On a eu beau lui dire depuis