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CHAPITRE XIX


À la fin du printemps de 1860, deux hommes, que leur costume désignait comme étrangers, mettaient pied à terre dans la cour de l’hôtel des postes à Lausanne, où la diligence de Berne venait de s’arrêter. L’un était vieux, l’autre jeune, soixante ans et vingt-cinq peut-être. Ils étaient enveloppés tous les deux d’amples redingotes à brandebourgs, chaussés de bottes molles, et coiffés de toques bordées de fourrures. Un énorme chien danois, à poil roux, sauta de la voiture après eux, et marcha sur leurs talons, en regardant à droite et à gauche, comme un voyageur curieux.

— Dans quelques minutes nous serons près d’elle, dit le plus âgé.

— Mon ami, comme vous êtes ému ! répondit le jeune homme en offrant le bras au vieillard.

Ils échangèrent un regard affectueux. C’étaient deux nobles physionomies, chacune caractérisée fort à part, annonçant deux êtres qui différaient non-seulement de