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UN DIVORCE

doux, qui se moquait de lui-même. Clara avait si grand’peur !

— Si c’eût été un loup et qu’il eût voulu te manger, tu aurais vainement essayé de te défendre.

— Oh ! je sais bien, mais j’aurais toujours lutté quelque temps, et la petite aurait pu s’enfuir pendant ce temps-là.

Les deux hommes se regardèrent. L’enfant avait dit cela d’un air si simple qu’ils en furent saisis de respect.

M. Sargeaz alors prit Fernand par la main ; Dimitri enleva dans ses bras la petite Clara, qui lui octroya généreusement plusieurs baisers, et, tandis qu’ils se rendaient à la maison :

— Mathilde est bien là ? demanda M. Sargeaz à son petit-neveu.

— Oui, elle y est.

— L’aimes-tu, tante Mathilde ?

— Oui ; j’aime quand elle me parle de Garibaldi.

— Ah ! ah ! bien. Tu connais déjà Garibaldi ?

— Je ne l’ai pas vu ; mais, quand je serai grand, j’irai avec lui, je l’aiderai ; je veux être un grand homme comme lui. Je délivrerai tous les peuples. Ah ! s’écria-t-il tout à coup en lâchant la main de son oncle, et ma chèvre !

— Ta chèvre ?

— Oui, elle est attachée là-bas, et elle s’ennuie ; il faut que j’aille la chercher. Je vous rejoindrai bientôt.

Il s’éloigna en courant.

— Cet enfant a une âme d’élite, dit M. Sargeaz en le suivant du regard ; s’il arrive à l’âge d’homme, il pourra faire en effet de grandes choses.

Ils entrèrent. Il n’y avait dans le salon que madame Grandvaux, Anna et mademoiselle Charlet. Tout en les embrassant, M. Sargeaz demandait :