Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
UN DIVORCE

tout gonflé de beaux et bons sentiments. Et bientôt ils se mirent à parler de leurs arrangements futurs, de l’appartement, du voyage de noces, du mobilier, de la couleur dont serait l’ameublement du salon… Claire donnait son avis avec assez de vivacité.

Ferdinand attachait sur sa fiancée des yeux ravis. Elle, de temps en temps, lui jetait des regards timides. Tout en parlant de ces choses, frivoles en apparence, leurs voix étaient émues comme s’ils eussent échangé des serments d’amour, et c’en était au fond tous ces détails de la vie qu’ils allaient mener ensemble. Il n’y avait là rien de futile, car tout cela rayonnait du charme de leurs espérances. Construire un nid, quelle occupation plus grave et plus chère pour la plus sérieuse des femmes, aussi bien que pour la plus gaie des fauvettes ?

— Oui, décidément, l’ameublement sera rouge grenat et noir, en damas de soie, n’est-ce pas ? Tenez, précisément la muance de mon bracelet.

Et lui, sous prétexte de bien voir cette nuance, il entoura de sa main et contempla longtemps le joli bras qu’elle tendait vers lui. Comme il était amoureux ! Elle ne pouvait s’empêcher de voir cela, quelque naïve qu’elle fût. Aussi, tout en se colorant de rougeur, son front s’éclairait-il d’une douce confiance. Être aimée, être heureuse !… deux phrases identiques pour les femmes, pour les jeunes filles surtout, que l’énigme d’amour préoccupe toujours plus que le sphinx qui la propose. En face de ce fiancé plein d’ivresse, Claire se mit à croire au bonheur. Ils s’oublièrent longtemps sous l’ombre charmante des hêtres toute parsemée de losanges de lumière qui tremblaient à leurs pieds et jouaient sur leurs fronts.

— On m’a chargé de vous rappeler l’heure du sou-