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Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/94

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UN DIVORCE

le premier jour, dut renoncer à accompagner son mari à la promenade.

Elle s’attendait à voir Ferdinand protester contre cette nécessité ; mais il l’accepta si philosophiquement qu’elle en fut toute déconcertée. Il prit son chapeau.

— Quoi ! tu veux sortir ! s’écria-t-elle.

— Et que veux-tu que je fasse ?

— Mais me voici avec toi, pour quelques moments. Écoute, mon chéri, je vais aller et venir comme cela sans cesse. Je resterai auprès de toi le plus possible, va ! il y a si longtemps que nous ne nous sommes vus. Méchant ! est-ce qu’on n’a rien à me dire ?

— Toujours la même chose, dit-il en souriant et en confirmant ces paroles d’un baiser.

— Eh bien ! est-ce que cela t’ennuie de rabâcher une si douce parole : Je t’aime !

— Non, certainement, répondit-il en baillant un peu.

Elle se mit à parler de Louise, la nouvelle servante, de sa bonne volonté, de sa maladresse, des préparations culinaires auxquelles elle se livrait en ce moment même. Il écoutait avec distraction, en suivant du doigt sur le front de la jeune femme les contours de ses cheveux ondés.

— Oh ! mais, dit-elle en se levant tout à coup, il est bien temps déjà que je retourne auprès d’elle : la pauvre enfant me ferait quelque sottise. Prends un livre, mon chéri ! je vais revenir.

Il suivit ce conseil d’un air ennuyé ; mais, pendant une station un peu longue qu’elle dût faire auprès du pudding, elle entendit les pas de Ferdinand dans le corridor : il sortait.

Claire eut envie de pleurer, mais elle n’osa pas. Un peu de patience, se dit-elle, et nous reprendrons bientôt