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LA VIE DE JÉSUS

— Justement… Je tiens beaucoup à la pauvre chère femme, et je désirerais que vous vinssiez la guérir.

— Mon vieux Pierre, je ne puis pas te refuser cela. Conduis-moi auprès de cette belle-mère phénomène.

Simon-Caillou ne se le fit pas dire deux fois. Il se dirigea du côté de la maison de la malade. Jésus lui emboîta le pas.

Peu d’instants après, il pénétrait dans l’habitacle. C’était un humble logis. La belle-mère en question était étendue sur un mauvais matelas ; sa fièvre était si forte qu’elle avait le délire.

En apercevant Jésus, elle se mit à débiter un tas de bêtises ; mais l’Oint ne s’en offensa pas. Il possédait une bonne nature.

— Vous la voyez, murmura le fils de Jonas le pêcheur ; elle ne sait même pas ce qu’elle dit. Cette fièvre nous inquiète tous au plus haut point. Dans son délire, elle extravague. Cela la tient, comme ça, du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au matin.

— C’est très grave, fit Jésus.

Il tâta un moment le pouls à la malade.

Puis, de même qu’il avait interpellé le démon à la synagogue, il prit à partie la fièvre.

— Fièvre ! s’écria-t-il, de quel droit as-tu élu domicile dans le corps de cette excellente femme ?

Mais la fièvre n’avait pas la langue aussi bien pendue que le diable ; elle ne répondit rien.

— Ah ! fièvre, fièvre, reprit Jésus, tu ne souffles mot ?… Tu reconnais donc ton maître… Eh bien, je te commande de t’éloigner… Et du leste, s’il te plaît !

« En prononçant ces paroles, il saisit la main de la malade, souleva son corps abattu, et y influa par cet attouchement la plénitude de la vie. »

La fièvre disparut, sans laisser après elle l’abattement qui en est la suite ordinaire.

À l’instant, la belle-mère de Simon se leva, et, se rappelant tout à coup qu’elle avait oublié son pot-au-feu, se précipita à la cuisine pour écumer sa soupe.

Quelques minutes après, solide comme une pyramide, elle mettait le couvert et servait à dîner à son gendre et à toute la compagnie.

Cela faisait deux miracles coup sur coup. Les Capharnautes n’en revenaient pas.

— C’est-y Dieu possible ! disaient les bonnes femmes ; mais qu’est-ce donc que cet homme qui guérit les possédés et les fiévreux rien qu’en leur parlant ?

Jésus était pris par tout le monde pour un sorcier hors ligne ; nul ne se doutait qu’il devait le don des miracles à sa qualité de fils du pigeon. Si l’on avait su que l’oiseau céleste l’avait engendré, personne alors n’aurait plus été étonné, parbleu !

Quoi qu’il en soit, les malades de toute espèce ayant entendu parler des guérisons merveilleuses opérées par Jésus, tressail-