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LA VIE DE JÉSUS

geait le malade. Le moineau vivant était aussitôt mis en liberté. Quant au lépreux, il devait laver ses haillons, se raser tout le poil du corps et se baigner : il restait ensuite enfermé pendant une semaine ; le huitième jour, après s’être rasé de nouveau et avoir lavé ses vêtements et son corps, il offrait deux agneaux sans aucune tache, de la fleur de farine, de l’huile de première qualité et une bonne somme d’argent. Le prêtre encaissait l’argent : après quoi, avec le sang des victimes et l’huile mêlée de farine, il touchait, en prononçant des mots mystérieux, l’oreille droite du lépreux, les pouces de sa main droite et de son pied droit ; enfin, après avoir répandu sur sa tête ce qui restait d’huile, il déclarait le malade purifié.

Cela ne guérissait pas du tout notre lépreux ; mais, grâce à cette formalité, il n’était plus soumis au régime barbare que j’ai décrit et il avait le droit de se faire soigner. Dans ces conditions, il finissait par se débarrasser de sa maladie, vu que l’éléphantiasis n’est pas incurable, et le bienfait de la guérison était attribué par le peuple ignorant au pouvoir surnaturel des prêtres.

Le lépreux dont il est question dans l’Évangile, après la narration de la pêche miraculeuse, n’avait pas les moyens de se payer une purification ; aussi, quand il apprit que Jésus était dans les environs, il se précipita sur son passage en criant :

— Seigneur, Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir !

Alors Jésus étendit la main, toucha ce cadavre animé, ces plaies repoussantes, et dit :

— Je le veux, soyez guéri.

Subitement, l’horrible maladie qui, pour s’en aller, demandait des années et des années de soins minutieux, disparut. Cela faisait un miracle de plus à l’actif du Verbe, et un miracle marquant.

Les apôtres étaient dans le ravissement ; le prodige, du reste, en valait la peine.

L’ex-lépreux se roula par terre, en donnant les signes d’une allégresse bien justifiée ; mais Jésus, arrêtant ses transports de reconnaissance, lui dit :

— Mon ami, si vous voulez me faire un plaisir, vous ne direz rien de cela à personne ; ma modestie en souffrirait trop. Contentez-vous d’aller vous montrer aux princes des prêtres, afin qu’ils puissent plus tard témoigner de votre guérison, si besoin était.

Le miraculé comprit le sous-entendu de ces paroles.

Au lieu de garder bouche close, il s’en alla partout, proclamant sa guérison, de sorte que Jésus ne pouvait plus faire un pas dans la ville sans être assailli par des malades de toute espèce. (Marc, chap. I, versets 40-45.)

Et sa réputation s’étendit par toute la Syrie. De toutes