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LA VIE DE JÉSUS

CHAPITRE III

L’OPÉRATION DU SAINT-ESPRIT

Un garçon joliment dégourdi, c’était l’ange Gabriel, ce jeune envoyé de Jéhovah que nous avons vu tout à l’heure dans le Tabernacle. Gabriel, s’il faut en croire les livres saints, a la spécialité d’ébahir les gens en leur apprenant qu’ils auront des moutards. Nous l’avons vu fonctionner à propos de la naissance de Jean ; nous allons le voir fonctionner encore, — et où çà ? — chez une cousine d’Élisabeth.

Élisabeth avait une cousine, nommée Marie, qui habitait à Nazareth, obscur village de la Galilée. Marie était jeune, brune et jolie à croquer ; un morceau de roi, quoi !

À cette époque, en fait de roi, il n’y avait en Judée que le sieur Hérode, lequel, à vrai dire, n’était pas le véritable roi aux yeux des Juifs ; car il était un monarque imposé par les Romains, c’était un usurpateur. De roi légitime, pas un cheveu ! Mais la race royale de David comptait néanmoins un certain nombre de descendants, parmi lesquels un charpentier du nom prédestiné de Joseph.

Donc, Marie, morceau de roi, avait été fiancée à Joseph, descendant de David.

Le père et la mère de la jeune fille, papa Joachim et maman Anne, avaient tout d’abord consacré leur demoiselle au Seigneur ; c’est-à-dire que dès sa plus tendre enfance, ils lui avaient fait promettre solennellement en plein Temple, qu’elle ne se marierait jamais et qu’elle travaillerait exclusivement pour messieurs les curés.

Un beau jour, Joachim et Anne changèrent d’idée, et, pour un motif que l’Évangile oublie de nous faire connaître, ils fiancèrent leur demoiselle au charpentier Joseph. Peut-être lui devaient-ils une facture trop élevée pour leurs ressources, et Joseph, en vieux roublard qu’il était, avait-il demandé la petite en solde de tout compte. Ce sont là des arrangements qui se pratiquent quelquefois.

Bref, on avait passé l’éponge sur les engagements antérieurs, et les fiançailles de Marie et de Joseph avaient été célébrées, toujours d’une manière solennelle et au même Temple où la petite avait formulé ses vœux. Dans tous les siècles, au temps jadis aussi bien qu’aujourd’hui, les prêtres ont toujours été très accommodants : on leur avait promis la brunette pour leur service personnel ; moyennant quelques pièces de cent sous, ils