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LA VIE DE JÉSUS

CHAPITRE XXXII

LES DOUZE APÔTRES ENDOCTRINÉS

La retraite de sire Jésus s’accomplit en bon ordre. Le divin toqué et ses sept apôtres se replièrent dans la direction du pays gouverné par Philippe.

Mais, affirme l’Évangile, une grande foule le suivit, de Galilée, de Judée, de Jérusalem, d’Idumée et des bords du Jourdain. On se figure difficilement les commerçants quittant leurs affaires pour se procurer le plaisir d’entendre le Verbe ou de lui voir opérer des guérisons. Toutefois, il dut en être ainsi, puisque les livres inspirés par le pigeon le prétendent.

Il vint même des curieux des régions païennes, telles que Sidon et Tyr.

L’affluence fut telle que Jésus, ennuyé d’être accablé par la foule, dit à Pierre :

— J’en ai par dessus la tête. Procure-moi une barque et filons de l’autre côté du lac.

En effet, tous les malingreux, tous les infirmes se jetaient sur lui pour le toucher, persuadés que le simple contact de sa fameuse tunique sans couture allait leur rendre la santé.

Les possédés eux mêmes ne résistaient pas à cet entraînement. Ils tombaient à ses pieds, et les démons, par leurs bouches, confessaient leur infériorité.

Tout cela était certainement très flatteur pour Jésus ; mais à la longue, cela devenait bassinant.

Il y avait des jours où les bras lui tombaient de lassitude, tant la besogne était grande.

Une fois même, dit saint Luc, la fatigue avait été telle que Jésus, le soir venu, se retira dans une montagne et y passa la nuit tout entière à prier.

Les théologiens catholiques ne savent pas le premier mot de cette longue prière ; mais ils connaissent d’une manière très précise la montagne sur laquelle elle a été faite. Ce serait, à leur avis une montagne qui se trouve entre Capharnaüm et Tibériade et qu’aujourd’hui les Arabes appellent les Cornes d’Hattin, par allusion à la double cime d’une colline des environs d’un village ainsi nommé.

Quant à la prière, puisque personne ne la cite, nous allons la donner à notre idée.

— Ô mon père, a dû s’écrier la seconde personne de la Trinité, quelle scie ! quelle scie !… Jamais je n’aurais cru qu’en m’in-