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LA VIE DE JÉSUS

demande qui paraîtra sans doute étrange : prier Dieu de ne pas nous induire en tentation, de ne pas nous faire succomber au péché, quelle hérésie !… Autant dire tout de suite que Dieu est l’auteur du mal… Eh bien, oui, puisque rien ne se fait sans sa volonté… Donc, prions Dieu de ne pas jouer vis-à-vis de nous le rôle de Satan… « Mais délivrez-nous du mal »… Cette phrase est le complément de la précédente. « Amen. »

Telle fut la doctrine exposée par Jésus sur la montagne. Ce grand sermon, que je ne me sens pas le courage de donner in-extenso (de crainte d’ennuyer mes lecteurs), contient l’essence même de l’Évangile. Il tient trois chapitres tout entiers de saint Matthieu : les chapitres V, VI, VII.

Si peu agréable qu’en soit la lecture, on ne doit pas cependant manquer de la faire. On ne saurait trop se convaincre de l’hypocrisie et de l’immoralité de la religion.

Hypocrisie ; car les quelques bons préceptes qui sont jetés çà et là dans la doctrine du Christ ne s’y trouvent que pour faire passer le reste et ne sont jamais mis en pratique. Voyez les catholiques de tout temps. Sont-ils discrets dans leurs aumônes ? Non, leurs œuvres de charité ont des bulletins imprimés qui publient les moindres dons faits par eux. Ont-ils le mépris des richesses ? Non, leurs églises ne contiennent que métaux et objets précieux, leurs évêques se couvrent de bijoux, leur pape se fait entretenir avec des millions annuels. Pardonnent-ils les injures ? Non, il n’est sur terre aucun être plus rancunier qu’un calotin : dites sur un prêtre seulement le quart de ce que vous savez, vous serez accablé de procès.

Immoralité ; car la seule partie de la doctrine chrétienne qui est pratiquée est contraire à la morale naturelle. Jésus a enseigné à ses apôtres le mépris du travail, qui est cependant ce qui ennoblit l’homme : aussi les successeurs des apôtres ont-ils, à toute époque, été des fainéants.

Un passage du fameux sermon, passage par lequel je terminerai ma citation, est sur ce point très caractéristique.

« Considérez les oiseaux du ciel, dit le fils du pigeon ; ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, et ils n’amassent rien dans des greniers ; c’est Dieu qui les nourrit. Considérez aussi les lis des champs ; ils ne travaillent point, ils ne filent point ; c’est Dieu qui leur donne leur vêtement. Vous ne devez donc pas vous inquiéter de votre nourriture ni de votre vêtement comme font les païens ; tout cela vous sera donné par Dieu. »

N’est-ce pas là l’apologie de la fainéantise ? et que deviendrait l’humanité si tout le monde suivait ces ignobles préceptes ? ne serions-nous pas vite retournés à l’état sauvage ?

Ceux qui ont inventé la légende du Christ et qui ont placé de semblables enseignements dans la bouche de ce personnage imaginaire, créé pour les besoins de leurs vices, sont des professeurs d’hypocrisie et d’immoralité.