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Page:Léo Taxil - La Vie de Jésus.djvu/213

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LA VIE DE JÉSUS

L’Oint n’eut pas la cruauté de les contredire. Il consentit à regagner la cité la plus proche. Du reste, l’horizon commençait à s’éclaircir. On arriva au bas de la montagne au petit jour.

En descendant, Jésus leur expliqua que cette séance de suspension sans ficelles et de lanterne magique sans appareil avait été tout exprès à leur intention et qu’ils devaient en garder le secret.

— Je vous défends, dit-il, de parler jamais de ce que vous venez de voir.

C’est pour cela sans doute que Jean, le seul des quatre évangélistes qui ait assisté au superbe spectacle de la transfiguration, est aussi le seul qui n’en parle pas.

Ouvrez l’Évangile, vous trouverez le récit de cette aventure :

1o Dans saint Matthieu (chap. XVII, vers. 1-13), et saint Matthieu n’était pas sur le mont Thabor ;

2o Dans saint Marc (chap. IX, vers. 1-12), et saint Marc n’y était pas non plus ;

3o Dans saint Luc (chap. IX, vers. 28-36), et saint Luc n’y était pas davantage.

Quant à saint Jean, qui y était, il n’en souffle pas un mot.

Jean a donc religieusement gardé le secret de l’événement ; mais comment diable les trois autres évangélistes l’ont-ils su ?

Ah ! parbleu, que je suis bêta !… c’est par le pigeon.

Après avoir recommandé à ses apôtres de clore le bec sur sa transfiguration, Jésus leur annonça qu’il ressusciterait d’entre les morts.

C’est ici encore qu’il faut lire l’Évangile.

Ces bons nigauds d’apôtres n’en revenaient pas.

— Comment pourra-t-il ressusciter d’entre les morts, se demandaient-ils ; et Élie, pourquoi a-t-il disparu ? Les scribes disent qu’Élie doit venir avant le Messie et restaurer toutes choses. Notre seigneur ne serait-il pas le Christ ?

Telles étaient les questions que se posaient les apôtres, s’il faut en croire l’Écriture sainte.

Il s’agirait cependant de s’entendre. Les apôtres étaient-ils témoins, oui ou non, des miracles de Jésus ? — Oui, n’est-ce pas ? — Eh bien, alors, comment pouvaient-ils douter de lui ? Si Jésus était capable de ressusciter les autres, à plus forte raison avait-il la puissance de se ressusciter lui-même.

J’avoue, pour ma part, que moi, qui suis profondément sceptique, si mon vieil ami Joachim Pecci (dit Léon no 13), par exemple, se mettait à se suspendre en l’air devant moi, sans truc ni ficelle, s’il ressuscitait, pour me faire plaisir, un mort, en lui disant : Talitha Koumi, s’il guérissait, en ma présence, un sourd-muet, rien qu’en lui mettant les doigts dans les oreilles et en lui crachant dans la bouche, je n’aurais aucune hésitation à proclamer dieu mon vieux Pecci et à l’adorer.

Quand je pense à l’incrédulité des apôtres, devant qui Jésus opérait des prodiges à n’en plus finir, et qui, par moment, se