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LA VIE DE JÉSUS

— Mais vous ne me connaissez que de ce matin !

— Le véritable amour, Seigneur, est celui qui naît instantanément, celui qui s’impose sans être discuté.

— Et que voulez-vous de moi, Marthe ?

— Seigneur, je suis bien malheureuse. Je sens que vous ne répondrez pas à mon affection. Votre cœur est déjà donné à Marie.

— Consolez-vous, ma belle enfant. L’amour divin est inépuisable ; il peut se répandre sur toutes les créatures à la fois. Du moment que vous m’aimez, Marthe, je vous aime.

— Que vous êtes bon ! que votre parole me fait du bien !

— Croyez en moi, ayez confiance, et vous serez heureuse dans le sein de Dieu.

— Vous me le promettez ?… Je serai heureuse ?…

— Tellement heureuse que vous-même ne connaîtrez pas les limites de votre bonheur !

— Vous m’aimerez ?… Un peu ?… Beaucoup ?… Passionnément ?…

— À la folie !…

De fait, le cœur de Jésus était un véritable cœur d’artichaut. Le fils du pigeon en distribuait les feuilles aux unes et aux autres. Marthe fut donc admise aux joies célestes ; mais Magdeleine, toutefois, en conserva toujours la plus belle part.

CHAPITRE L

GRAND FLUX DE PAROLES

C’est étonnant ce que le Verbe avait de paraboles dans son sac !… Par exemple, quand il était en tête à tête avec une jolie femme, ce n’était pas en paraboles qu’il causait.

Après avoir cultivé quelques jours la connaissance de Marthe, fleur virginale qui avait bien son agrément, Jésus entreprit une tournée dans la Pérée, contrée soumise à Hérode Antipas, et là il se livra à une véritable débauche d’apologues. Les raconter tous serait trop loin. Il paraît que les gens du pays faisaient des farces aux apôtres ; quand ces vagabonds venaient mendier dans les habitations, on glissait dans leur besace un tas d’objets désagréables. C’est ainsi qu’un jour André ou Pierre — on ne sait pas au juste qui — étant allé demander à un paysan du pain, un poisson et un œuf, le paysan lui mit dans la main : en guise de pain, un gros caillou ; en guise de poisson, un serpent ; en guise d’œuf, un scorpion. Jésus expliquait alors aux apôtres que,