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LA VIE DE JÉSUS

qu’il aurait été convenable d’attendre son retour pour se mettre à table.

Quand l’aîné, regagnant la maison, en fut proche, il s’étonna de tout cet appareil de fête dont il entendait le concert.

— Ah çà ! qu’y a-t-il ? se disait-il en lui-même. On dîne aujourd’hui plus tôt qu’à l’ordinaire, et sans m’attendre. On fait grande liesse, et je n’en suis pas… Cela est bien étrange.

Et il interrogea les domestiques qui allaient et venaient.

— C’est votre frère qui est de retour, répondit un larbin. Votre père est dans une joie, mais dans une joie !…

— Eh bien ! il est aimable pour moi, mon père !… Comment ! il ne m’a pas seulement envoyé chercher à la ferme !… Et ça, pour ce panier percé d’Anatole, qui a boulotté sa part d’héritage avant qu’elle lui soit légitimement échue !

L’aîné n’avait pas tout-à-fait tort de se fâcher.

Du moment qu’on ne l’avait point invité à ces réjouissances, il refusa d’entrer dans la salle du banquet.

Il fallut que le papa vînt l’en prier.

— Voyons, Ernest, disait le papa, ne sois pas si susceptible… Viens trinquer avec nous à la santé de ton frère.

— Tu n’es pas raisonnable, père, et tu n’es pas juste… Voilà des années et des années que je trime à faire valoir mes propriétés… Je me donne un mal du diable, je t’obéis avec une docilité exemplaire, je suis le modèle des bons fils. Et, au contraire, ce fainéant d’Anatole, qui a toujours eu mal aux coudes, qui est incapable de gagner sa vie, c’est lui que tu choies… Tu ne m’as jamais donné un chevreau pour me régaler avec mes amis… Et, en l’honneur d’Anatole qui a dévoré avec des femmes de mauvaise vie la moitié de ton bien, tu fais tuer le veau gras, lu organises en impromptu une fête somptueuse… Non, ce n’est pas juste, cela !

— Calme-toi, Ernest… Ne sois pas jaloux de l’amitié que j’ai spécialement pour ton frère… Mon bien te reviendra après ma mort… En attendant, viens te réjouir avec nous du retour de notre Anatole !…

L’histoire ne dit pas si le fils aîné se laissa gagner par le beau raisonnement de son père. Au fait, cela importe peu. Ce qu’il est utile de constater, c’est que Jésus avait une façon assez curieuse de prêcher la justice, l’équité.

Voulez-vous une autre preuve du manque de logique du Christ ? Lisez encore cette parabole où l’approbation de la malhonnêteté est plus saillante, s’il est possible, que dans l’apologue de l’enfant prodigue :

Il y avait un homme riche qui faisait gérer ses biens par un économe ; mais cet administrateur volait impudemment son patron, grattait les livres et puisait à pleines mains dans la caisse pour satisfaire toutes ses mauvaises passions.

Le patron eut vent des infidélités de son économe.

Il le fit appeler et lui tint ce langage :